Appâts & Techniques

Je récolte et prépare moi-même mes appâts par  Bernard Ribes

Comme tout pêcheur je porte une attention particulière aux appâts que j’utilise pour mes parties de pêche en mer. Quelque soit la technique ou la profondeur à laquelle je pêche, j’affectionne et je préfère récolter et préparer moi-même mes appâts. Sans prétention et tout simplement, je vais vous narrer mes méthodes et mes habitudes pour ce que je considère également comme un acte de pêche.

Il est important de prendre en compte que la récolte d’appâts nous permet d’une part de nous y retrouver économiquement, et d’autre part elle nous permet également d’observer et de nous informer sur le milieu aquatique. Je récolte des appâts depuis des années, et je peux vous affirmer que la ressource a considérablement diminué. Il y a des raisons à cela, le climat et la pollution en font partie, mais aussi les prélèvements irresponsables. Si comme moi vous choisissez de récolter vos appâts, faites vôtres et suivez ces quelques règles ;

  • Ne récoltez que la quantité d’appâts nécessaire à vos besoins, préservez la ressource.

  • Respectez le milieu dans lequel vous effectuez vos prélèvements en replaçant les pierres déplacées, en rebouchant les trous occasionnés, en remettant la zone dans son état initial.

  • Ne ratissez pas systématiques une zone, faites des prélèvements espacés. Pour certaines espèces il y a aussi des territoires, des colonies d’escargots avec des conséquences si l’on prélève trop ou mal. Comme par exemple les moules ; la moule se prélève à l’unité en tournant pour sectionner le byssus qui la retient à son support, et non en grappe. Les moules juvéniles (semence) profitent de la protection de leurs ainés pour grossir et grandir à l’abri. En arrachant par grappe, on détruit inutilement les semences donc la ressource.

Quand je parle de récolte, je veux dire que je me sers de tout ce que notre littoral nous offre comme vers, coquillages et crustacés. Je me rends au canal de Martigues qui regorge d’esches, de moules, de crabes, de calambots, d’anguillons et de civelles suivant la saison. Là en quelques heures, juste équipé d’un wader, d’un sceau et d’un salabre, je m’approvisionne en appâts naturels et frais pour une quinzaine de jours (voir plus).

Je récolte également, dans mon environnement immédiat, les ports et les jetées (j’habite St Cyr Sur Mer), de préférence l’été quand l’eau est bonne... Ces zones  regorgent d’arapèdes, de piadons, d’escargots de mer, de vers tubes et de concombres de mer.

A la saison du calamar, je réserve une petite partie de mes prises pour la pêche, avec une préférence pour les petits calamars entre dix et vingt centimètres (les sifflets comme on dit).

Il m’arrive également de récolter des cordelles. Ces vers sont très appréciés des dorades sars et marbrés. Le seul inconvénient, et pas le moindre, cet appât est très fragile et sa conservation délicate. Pour ma part, je ne les conserve pas, je les utilise très rapidement.

J’utilise également comme appât l’escargot de terre, le limaçon comme on dit en Provence. Ce petit escargot blanc pullule dans la campagne, particulièrement sur les pieds de fenouil et les murets. Je les ramasse et j’en rempli une bouteille, style eau minérale, c’est parfait pour les transporter et les conserver quelques jours. A l’utilisation, j’écrase doucement la coquille, il ne faut pas trop l’abimer, particulièrement le sac viscéral (qui est le plus prisé des poissons). Les sparidés et surtout les pageots en sont très friands.

Et enfin ce qui est pour moi l’appât roi « la sardine » (sardines de méditerranée). Le seul appât que je suis obligé d’acheter dans le commerce... Je suis un inconditionnel de la pelote, c’est ma technique préférée, à pieds comme en bateau. J’ai ma recette personnelle, mais sur you-tube vous en trouverez des dizaines, à vous de choisir et d’utiliser celle que vous préférez.

La Sardine :

sardine  La sardine proposée en filets, entière ou demi, préparée en pelote est pour moi l’appât le plus productif et le plus rentable. Tous les poissons tapent sur cet appât, du plus petit   au plus gros.

 Le seul inconvénient de la sardine c’est qu'elle fragile et elle ne se conserve pas très longtemps, surtout l’été un coup de chaud et elles sont molles.

 Veillez à acheter des sardines très fraiches, elles doivent être fermes et brillantes, pleines d’écailles, le ventre intact. N’achetez pas des sardines pales, sanguinolentes, moles et délavées par la glace .

 Pour la conservation de sardines entières ou préparées en filets, dans du gros sel  ou  directement au congélateur.

LA MOULE :


moule
La moule est également un excellent appât très apprécié par les poissons, surtout les sparidés. Fraiches et bien présentées les sars et dorades ne résistent pas.

Le plus simple pour se procurer des moules, s’est de les ramasser! Nos côtes regorgent de ce coquillage et elles sont très accessibles de la terre et par la mer. Attention ne prélevez que ce qui vous est nécessaire pour pêcher.

J’utilise la moule pour pêcher à la pierre, casquée, en plateau ou en bouccon suivant les poissons recherchés et surtout la profondeur à laquelle je pêche. En règle générale j’utilise cet appât sans plombée, je me sers  du poids de la moule ou d’une pierre.

Nous développerons plus amplement les façons de les esquer dans la rubrique  «  techniques de pêche ».

Le CRABE :


crabe
Le crabe est aussi un excellent appât, petit ou gros, mou ou dur, il est très prisé des sparidés.

Pour ma part j’affectionne les corrantines que l’on attrape très facilement dans les ports et les jetées (le jeu préféré des mes enfants et petits enfants).

La corantine est un petit crabe de forme carré et la carapace très dure, qui tient bien à l’hameçon. La favouille présentée entière, coupée en deux ou en chapelet donne de très bons résultats.

Le crabe mou je l’utilise moins car il est plus dur à conserver vivant et plus long à esquer.

La CORDELLE :


cordelle
La cordelle est un ver de sable omniprésent sur nos côtes. Pour les ramasser une pelle et un tamis fin sont très efficaces.

On trouve les cordelles sur nos plages à très faible profondeur, souvent en soulevant les pierres dans l’eau. Attention elles sont très vivent et des quelles sentent un danger lles s’enfouissent profondément.

J’utilise principalement pour pêcher les marbrés en dérive. La cordelle est un très bon appât mais également très fragile.

Pour esquer ce ver à l’hameçon on utilise une aiguille fine.

 

Le CALAMBOS :


calambos
Cette petite crevette pullule dans nos ports et dans les jetées.

Dans les ports leur capture est très facile, une petite épuisette suffit.

Par contre pour les capturer dans les jetées où elles sont de plus grosse taille, j’utilise des nasses que je fabrique avec des bouteilles d’eau minérale.

Vivantes et juste piquées sur le dos (en prenant la carapace et le premier anneau) elles font des merveilles sur les sars mais aussi sur les loups.

Les ESCARGOTS : 


escargot
Les petits escargots de mer, les petits escargots blancs terrestres, peuvent être utilisés. I

l faut délicatement écraser la coquille pour en extraire l'animal intact. Le coquillage broyé sans précaution ne nous livrera que sa partie charnue, le pied, alors que le sac viscéral est le plus prisé. La collecte se fait sans difficulté sur les rochers et les pierres des jetées. Il faut cependant se garder d'arracher les escargots en faisant des coupes claires sur un seul emplacement. Choisissez les plus volumineux et prélevez des sujets espacés de plusieurs centimètres.

Ces animaux vivant par petites colonies où chacun a sa place, il ne s'agit pas d'anéantir en une collecte un groupe complet. Si vous pêchez avec les escargots de jardin, les blancs ou les spiralés blancs et noirs, vous pouvez en revanche y aller de bon cœur, ces animaux ont un fort coefficient de reproduction et sont les ennemis des cultures.

Le CONCOMBRE DE MER ; (chez nous « le vier marin »)


concombre
Les concombres de mer son omniprésent sur nos côtes et à faible profondeur.

On en trouve même dans les ports. Pour cet appât, je n’utilise qu’une partie (l’intérieur) de la bête pour laquelle il est nécessaire de faire quelques manipulations. Les sars et les dorades et les sparidés en général sont friands de cet appât.

Pour la conservation, directement le congélateur après préparation.

 

 

Les PIADES et les PIADONS : (Bernard l’Hermite)

piades

La récolte du Piadons est facile. Dans très peu d’eau ou à fleur d’eau dans un groupe d'escargots, il suffit de repérer celui qui se déplace plus vite que les autres pour découvrir la supercherie. L'escargot rampe, le crustacé court.

 

La Piade, on la trouve dans des eaux plus profondes sur des fonds souvent vaseux comme les ports. Les chaluts en sortent de très belles, sI vous connaissez un patron de chalut il pourra vous en donner.

 

La conservation se fait dans le bac à légumes du réfrigérateur, les Piades et Piadons baignant dans un bac avec 1 à 2 cm d'eau de mer.

 

 

 

 

 

 

Comment conserver les appâts vivants :

Il est nécessaire, voir impératif de conserver vivants.

  • Les esches, crabes, escargots et les calambots, conditionnés dans des algues ou du papier journal humide, le bac à légumes du réfrigérateur fera très bien l’affaire.

  • Les piades & les piadons dans un récipient avec 1 à 2 cm d’eau placé en bas du réfrigérateur.

 

  • Les arapèdes (avec la coquille) et les concombres de mer (préalablement préparés) directement au congélateur.

  • Les anguillons et les moules il faut impérativement les conserver dans l’eau :

  • Les moules sous le bateau dans un tambour de machine à laver par exemple.

 

  • Les anguillons et civelles, je les conserve dans un bac d’eau muni d’un aérateur.

  • Quand je pars pêcher avec des appâts congelés, je les conserve dans l’état dans une glacière et je ne les décongèle qu’à la demande dans de l’eau de mer et je place les appâts vivants dans un seau avec de l’eau de mer que je refroidi avec un bac à glace (surtout l’été).

 

Trucs et astuces :

Pour récolter et utiliser mes appâts j’ai testé de nombreuses méthodes et outils, en voici quelques unes :

 

  • les calambots: je fabrique une nasse avec une bouteille d’eau minérale en plastique. Je découpe le conne supérieur, dans la bouteille après avoir percé quelques trous, je place un poisson mort (sardine, demi maquereau) et un caillou, puis je retourne le cône en je l'enfonce dans la bouteille. Je j’immerge la nasse dans un trou de jetée (prévoir un bout de ficelle) et je laisse 1 ou 2 heures.

  • les concombres de mer : le grappin à oursin et le sceau à fond de verre suffisent à faire une bonne récolte. 

  • les civelles et calambots: j’ai fabriqué une épuisette avec du voile de mariée (très efficace le long des quais)

  • les cordelles: je plante ma pelle avant de soulever la pierre que je prospecte.

  • La moule casquée : je place un bout d’allumette au dessus de l’hameçon (5 cm environ) de cette façon je n’exerce aucune force sur la chair de la moule quand je dois éventuellemnt lancer.